Henri Nans

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Henri Nans

 

Résistant aux Nazis, mort pour la France

 

Henri Nans est né à Aups, le 4 novembre 1920. Il est le fils du facteur des Postes d’Aups qui lui-même fit de la Résistance aux côtés de Charles Boyer[1] pour qui il portait au maquis des dépêches secrètes passant à travers les barrages des Allemands et de la Milice.

Henri fait ses études primaires à Aups, passe son certificat d’études et rejoint le collège de Lorgues et de Brignoles.

Il intègre ensuite l’Ecole normale[2] de Draguignan de 1938 à 1941. (voir le témoignage de la directrice)

Poète à ses heures (voir une lettre à sa sœur), il avait soumis à l’Ecole le nom de sa promotion, la promotion Aurore, accompagné des deux vers qui suivent :

 

Aurore

Car le premier rayon du jour

 

Met dans nos cœurs l’espoir toujours

 

Après la guerre, une promotion a porté le nom d’Henri Nans

 

Il exerce son métier d’instituteur à Carcès, La Londe, Moissac, Aups. Il intègre (peu de temps) les chantiers de jeunesse.

Fin septembre 1942, refusant d’obtempérer et de partir pour le STO (service du travail obligatoire)[3], il décide de rejoindre les Forces Françaises Libres[4]. Son périple l’emmène du Jura en Belgique[5] et de Belgique en Hollande[6].

En Hollande, il est arrêté (novembre 1942) par les Allemands au moment où il allait prendre l’avion pour rejoindre Londres[7].

Mis dans un camp de concentration en Hollande, à Haaren[8], il est ensuite envoyé en déportation[9] vers l’Allemagne (fin décembre 1942).

Il s’échappe en cours de route et rejoint la frontière espagnole[10].

Il est repris par un poste allemand en tentant de franchir un col des Pyrénées. On le renvoie à la prison militaire de Toulouse[11] d’avril à mai 1943. (voir le témoignage d’André Fisson, rescapé)

C’est alors le départ pour le camp de concentration de Compiègne jusqu’au 25 juin 1943[12], date à laquelle il est définitivement déporté en Allemagne au camp de concentration de Buchenwald, dans un wagon à bestiaux. Deux jours sans boire ni manger, battu par les SS[13], nu pieds, torse nu.

Les élèves germanistes de 4e du Collège Henri Nans, promotion 2021-22, sous la conduite de Mme Antonietti, ont traduit cette fiche disponible ICI

 

A Buchenwald, il soutient le moral des autres. Il se révoltera contre un chef de block qui abusait des jeunes Français. Repéré, il est envoyé au camp disciplinaire de Dora.

Les traitements inhumains des SS auront raison de sa santé : tumeur au poumon, 4 mois de terribles souffrances, il meurt à l’infirmerie du camp le 15 février 1944. Il avait 24 ans.

Sa dépouille fut brûlée dans un four crématoire. (sur la mort d’Henri Nans, voir le témoignage de Pierre Dorlanne, rescapé)

Il refusait la soumission, l’injustice et la barbarie humaine.

 

En avril 1946, le Conseil municipal d’Aups et M. Elie Pourret, maire sortant[14], décident, à titre d’hommage public, la pose d’une plaque commémorative à l’entrée de l’Ecole des garçons, située à l’époque là où se trouve aujourd’hui l’Office de Tourisme et le Trésor public. Ceci pour honorer la mémoire d’Henri Nans, instituteur, déporté, martyrisé, mort pour la France. (voir l’hommage rendu par l’Union générale de l’Enseignement public)

La mention « mort en déportation » sur son acte de décès a été décidée par un arrêté du ministre des anciens combattants et victimes de guerre du 4 avril 1995.

 

Article réalisé à partir des informations données par la famille d’Henri Nans et documents de déportation issus de Arolsen Archives transmis par Maurice Mistre.

 

 

Frédéric Negrel


[1] Ancien conseiller général d’Aups, un des chefs de la Résistance varoise, fusillé par les nazis le 18 juillet 1944 à Signes avec 28 de ses camarades. Une avenue d’Aups porte aujourd’hui son nom.

[2] Centre de formation des instituteurs.

[3] Le STO en tant que tel n’apparaît que le 16 février 1943. Il avait été précédé par un « loi » du 4 septembre 1942 qui réquisitionna de fait surtout des ouvriers qualifiés de la zone occupée (Nord).

[4] Armée constituée à l’initiative du Général de Gaulle et regroupant les Français des colonies ou réfugiés en Angleterre. Il s’agit en fait de la Résistance extérieure.

[5] Bien que pays neutre, la Belgique est envahie par l’Allemagne nazie en mai 1940.

[6] Les Pays-Bas s’étaient eux -aussi déclarés neutres et subirent la même invasion que la Belgique.

[7] Là où se trouve le Général de Gaulle et les Forces Françaises Libres.

[8] Un des kommandos (unités de travail forcé) du camp de concentration de Vught, aux Pays-Bas. (le lien indique que le camp de Vught n’aurait ouvert que le 13 janvier 1943, il est en fait en activité depuis mai 1942)

[9] Politique de l’Allemagne nazie qui envoya dans des camps de concentration et d’extermination des millions de juifs, de tziganes, d’homosexuels, de résistants, d’opposants politiques… allemands et des pays occupés.

[10] L’Espagne est alors un pays neutre par lequel des milliers de Français purent rejoindre l’Angleterre et les Forces Françaises Libres.

[11] Voir un témoignage sur la détention dans cette prison (la prison militaire Furgole).

[12] Voir détails de ce « transport » I.110

[13] La SS (la Schutzstaffel de l’allemand « escadron de protection ») est une des principales organisations du régime nazi. Par extension, des membres sont appelés SS.

[14] Elie Pourret est élu maire (Parti Communiste) en avril 1945. Il est battu aux municipales suivantes, en octobre 1947.